En général, quand les mutuelles triturent les données de leurs affiliés pour tirer des conclusions en matière prescription, les MG se crispent, habitués à être cloués au pilori des sur-prescripteurs ou des sous-diagnostiqueurs. Une récente étude de la mutualité socialiste/Solidaris donne davantage dans la nuance. Elle s’arrête sur l’impact de l’entrée au home sur la consommation de médicaments.
Une originalité : l’OA a travaillé de façon longitudinale. Les comparaisons habituelles sont transversales, superposant un cliché de la situation dans les maisons de repos à un autre, simultané, à l’extérieur. Mais les sujets considérés ne sont pas des patients analogues, les résidents étant en moyenne plus âgés et davantage frappés d’affections chroniques. Pour isoler l’impact de l’institutionnalisation, Solidaris a donc suivi un même échantillon d’environ 7.000 de ses affiliés de plus de 70 ans, et observé leur consommation médicamenteuse six mois avant et six mois après leur arrivée au home, en excluant les consommations liées à une hospitalisation.
Arrêts et démarrages
La mutuelle a noté que le nombre de DDD délivrées descend de 2% dans le sillage de l’institutionnalisation, et que la polymédication ne s’aggrave pas, ou peu. Cela ne veut pas dire pour autant que la situation qui prévalait, en ambulatoire, ne soit pas perfectible. En moyenne, les patients inclus dans la cohorte consomment huit molécules différentes, et ce chiffre demeure identique tant six mois avant que six mois après leur institutionnalisation. Après celle-ci, toutefois, certains traitements sont initiés, et d’autres arrêtés. Le pourcentage d’assurés sous antidépresseurs et antipsychotiques passe, respectivement, de 39% et 13% avant l’arrivée en MRPA/MRS, à 45% et 18% après. Par contre, 30 et 23% des patients qui étaient, respectivement, sous antiagrégants et statines ont stoppé les prises après entrée au home.
Plus d’infos ?
vie@home, la revue digitale de la SSMG consacrée à la prise en charge de la personne âgée, s’arrête sur ce sujet dans son tout nouveau numéro. Retrouvez-y les commentaires d’un OA qui dit vouloir « comprendre et pas fustiger », et ceux du président des MCC, les médecins coordinateurs. Enfin, sachez que l’Inami lance des expériences de concertation médecin traitant – MCC – pharmacien – infirmier au chevet du résident.