Vous n’êtes pas sans savoir que le paracétamol – acétaminophène en Amérique du Nord et au Japon – reste le premier choix pour soulager une douleur légère à modérée, qu’elle survienne ponctuellement ou sur le mode chronique. Cet analgésique périphérique est reconnu unanimement d’une part pour son efficacité et de l’autre pour le fait qu’il ne suscite, en comparaison avec les autres antalgiques du premier palier, que peu d’effets secondaires aux doses thérapeutiques, et notamment peu ou pas d’irritation du tractus gastro-intestinal.
Evidemment, tout est dans le « aux doses thérapeutiques », et encore… La posologie par voie orale est de 0,5 g à 1 g éventuellement jusqu’à 4 x par jour, avec un maximum conseillé de 3 g chez l’adulte. En cas d’usage chronique, on recommande de ne pas dépasser les 2,5 g quotidiens. Chez l’enfant, la posologie est de 10 à 15 mg/kg jusqu’à 4 x par jour. Le paracétamol en surdosage est, à l’échelle mondiale, la principale cause d’insuffisance hépatique aiguë, nécessitant régulièrement une transplantation. On note en effet en cas d’ingestion massive une toxicité hépatocellulaire avec ictère et parfois nécrose fatale, qui survient souvent seulement 24 à 48 heures après l’ingestion.
A côté des cas d’important surdosage ponctuel, tricher un peu mais de façon répétée avec les doses autorisées se révèle doublement dangereux, pourrait-on dire : c’est mauvais pour le foie bien sûr, mais aussi pour l’efficacité de la prise en charge de l’intoxication. Les patients souffrant des effets d’un surdosage chronique auront tendance à tarder à se présenter à l’hôpital, alors que l’insuffisance hépatique aiguë induite par le paracétamol nécessite de promptes reconnaissance et intervention.
A noter également que l’hépatotoxicité peut parfois déjà s’observer même avec des quantités thérapeutiques, chez les alcooliques par exemple, ou en cas de malnutrition, d’atteinte hépatique préexistante ou de prise concomitante d’inducteurs du CYP2E1. Récemment, des voix scientifiques se sont élevées pour pointer des effets indésirables graves potentiellement liés à un surdosage de paracétamol qui seraient en train d’émerger et qui avaient peut-être été jusqu’ici sous-estimés, ou non catalogués dans le spectre clinique traditionnellement associé à une intoxication au paracétamol. Et de citer le décès d’un sujet, chez lequel ont été notées une concentration sanguine post-mortem de 78 pg/ml et des caractéristiques cliniques inhabituelles, notamment une épidermolyse et une rhabdomyolyse visuellement frappante et massive, une coagulation intravasculaire disséminée et une ischémie myocardique.
L’antidote duparacétamol est pour rappel la N-acétylcystéine par voie parentérale.
Petit coup de pouce financier aux malades chroniquesPour rappel, l’Inami publie régulièrement des mises à jour de la liste des antidouleurs pour lesquels est instaurée, depuis 2007, en faveur des malades chroniques et sur autorisation du médecin conseil, une intervention de 20% sur le prix public. Le remboursement s’opère sur des produits dont le prix pour une DDD, à savoir 3 g de paracétamol (avec ou sans codéine), n’est pas supérieur à 1,20 euro. |
Mise en ligne : 5/12/2013