Il y a quelques semaines, la SSMG vous interrogeait via sa newsletter hebdomadaire sur ce qui vous retient, en tant que médecins généralistes francophones, d’ouvrir davantage de DMG. Son but était de mieux comprendre vos réticences face à ce qu’elle-même perçoit et continue à percevoir comme un outil à avantages multiples.

Une petite vingtaine de participants ont joué le jeu et répondu à ce sondage – qui n’avait aucune prétention scientifique. Qu’ils en soient remerciés. Quasi deux tiers des répondants ont plus de 50 ans, avec autant de consœurs que de confrères. Dans plus de la moitié des cas, les participants ont une pratique solo, et en milieu citadin.
 

Profonde méconnaissance de la part des patients

Nous l’avons dit, ce coup de sonde n’avait pas la méthodologie requise pour tirer des conclusions assertives et des statistiques inattaquables jusque deux chiffres après la virgule. Et il était logique et attendu de ne récolter que des réactions peu enthousiasmées, que la SSMG ne fait pas siennes mais qu’elle voulait entendre pour mieux comprendre.

Le frein numéro un qui émerge des mails reçus est la méconnaissance, par les patients, de ce qu’est un DMG. Et parmi les nombreux répondants qui invoquent ce déficit d’information au sein du grand public, des voix s’élèvent pour préciser combien c’est lourd, en consultation, pris par le temps, de devoir expliquer le concept. D’autant qu’il faut alors argumenter avec des patients qui se demandent pourquoi leur médecin leur propose soudain un dossier d’un genre nouveau, ce qui peut laisser supposer que, jusque là, il n’avait pas tenu consciencieusement le dossier existant. « Cela ne change rien à ma pratique, et je traite de la même façon mes patients avec ou sans DMG », affirment d’ailleurs plusieurs répondants.
 

Embarrassés de réclamer plus

Des MG participants ont exprimé se sentir mal à l’aise quand il s’agit de réclamer 28 euros pour un travail qu’ils font de toute façon, ou devant des patients qui fouillent leurs poches pour compter leur monnaie. Il apparaît que, nombre d’entre eux n’ayant pas de vignettes sur eux, le tiers payant ne dénoue pas la situation.

L’avantage financier découlant de la possession d’un DMG n’est du reste pas suffisamment marqué, de l’avis de pas mal de répondants, pour en devenir un élément déterminant dans l’adhésion des patients au concept. Quelques-uns des participants ont bien insisté sur le fait que le DMG revêt une dimension de « contrat de confiance », scellant un lien particulier avec le patient. Ils se refusent donc d’ouvrir un DMG dare-dare au visiteur qu’ils voient pour la première fois, ou aux « pigeons voyageurs » adeptes du shopping médical. La Flandre se fait égratigner, au passage, pour sa promptitude à ouvrir un DMG au premier contact.
 

Lourd et complexe, aussi pour le médecin

Si les patients ignorent encore souvent ce qu’est un DMG, des généralistes participants ont souligné qu’eux-mêmes s’emmêlaient parfois les pinceaux dans les règles, marquées par des évolutions successives. « On finit par ne plus savoir », disent certains, « à qui peut/doit être appliqué le TP et surtout comment, finalement, s’opère le renouvellement du DMG ». A plus d’une reprise la procédure d’ouverture a été jugée pesante, et la balle renvoyée dans le camp des mutuelles et de l’Inami. De l’avis de répondants, puisque ces instances plaident à l’envi pour une pénétration massive du DMG, ne devraient-elles pas imaginer des modalités plus pratiques ? Un participant suggère que ce soit le patient qui rentre volontairement à sa mutuelle un document tout fait par lequel il désigne le MG titulaire de son DMG, désignation validée par le cachet du généraliste concerné.

Des témoignages expliquent que le côté fastidieux de la gestion de dossiers s’était estompé grâce à l’informatique, mais que ce ne serait pas un luxe d’user largement d’un langage standard, rendant (plus) opérant l’échange d’informations entre tous les acteurs des soins de santé.

Enfin, parmi les commentaires qui lui sont parvenus, la SSMG a noté chez plus d’un la crainte d’un contrôle des autorités sur la pratique, opéré par le truchement du DMG. Il y a chez certains répondants une défiance déclarée face à la dépendance aux autorités et administrations de tutelle que pourrait générer le DMG.
 

Les idées exprimées dans ce résumé sont celles des participants au sondage et n’engagent pas la SSMG. Cette dernière remercie tous les répondants.

Mise en ligne : 6/12/2013