{jsnoredirect}
Test-Achats a publié lundi les conclusions d’une analyse qu’il a menée sur 4.000 médicaments OTC et sur prescription. Elle s’est soldée par le classement de ceux-ci en quatre catégories, selon leur degré d’ « utilité démontrée ». L’association de consommateurs indique nourrir de sérieux doutes sur l’efficacité et/ou la sécurité de 15% des produits examinés. Son application en ligne permet de faire défiler, médicament par médicament (et parfois dosage par dosage), les réserves qu’elle formule. Ces réserves sont synthétisées par un pictogramme représentant un visage de radieux à carrément désapprobateur, puisqu’il est des produits dont Test-Achats déconseille explicitement l’usage.
« Ce n’est pas une révélation pour les médecins », tempère Guy Beuken, qui dirige la cellule médicaments de la SSMG. Les médicaments ont des effets indésirables, des contre-indications, parfois une efficacité limitée. Avoir vis-à-vis d’eux une démarche critique est fondé. « A ma connaissance, il y a derrière l’étude de Test-Achats un médecin et quatre pharmaciens qui ont glané des informations de pharmacovigilance existantes, déjà éditées par le CBIP (*) ou par Prescrire. » Sur le fond, il n’y a donc rien de bien neuf sous le soleil pour un MG.
La prescription décrédibilisée
Il n’en va pas de même pour le patient, par contre. Sa confiance vis-à-vis de ceux qui lui ont fait prendre ou vendu une spécialité clouée au pilori par Test-Achats va être ébranlée. La forme de l’opération, par conséquent, est discutable, estime le Dr Beuken. « La prescription est un moment déterminant de la consultation, où le médecin fait la balance bénéfices-risques pour un patient donné. Un choix valable pour l’un ne le sera pas pour l’autre. Les simplifications et généralisations risquent de décrédibiliser la prescription du médecin et la délivrance par le pharmacien. »
Guy Beuken propose de transformer le doute semé dans les esprits en opportunité. Il conseille aux MG de s’attendre aux questions des patients et de les accueillir en restant ouvert, car il serait contreproductif de nier en bloc. « Mieux vaut montrer sa bonne foi par le dialogue. Après tout, c’est peut-être aussi une occasion de se poser des questions sur ses propres habitudes de prescripteur. »
A noter que mongeneraliste.be, site grand public de la SSMG, vient de rebondir sur l’actualité. Il rappelle à vos patients les batteries de tests subis par les médicaments avant mise sur le marché et les mécanismes de pharmacovigilance ultérieurs. Il convie ses lecteurs à prendre contact avec leur médecin traitant avant de suspendre ou d’improviser une adaptation de traitement.
(*) le CBIP vient de souligner par communiqué que des médicaments sont toujours disponibles en Belgique alors que leur efficacité n’est pas suffisamment étayée par des données scientifiques ou ne contrebalance pas les risques. « Le CBIP est aussi d’avis que certains médicaments n’ont plus de place ; ceci est explicitement mentionné dans le Répertoire Commenté ou signalé par la mention de posologie négative (« Posol – ») », indique le Centre.
Et si les patients se tournent vers des non-médicaments ?Réactions globalement analogues du côté d’Alain Chaspierre, porte-parole de l’APB, l’Association des pharmaciens belges. « Test-Achats n’a rien inventé, les données de pharmacovigilance fondent déjà la bonne pratique des professionnels. Par contre, l’association jette l’opprobre sur le ‘bien de consommation’ le plus contrôlé au monde. On pourrait être provocateur et dire que 100% des médicaments vont générer des problèmes si leur usage n’est pas accompagné par un professionnel et s’ils sont administrés hors contexte. Pour deux patients, la balance bénéfices-risques d’une même molécule diffère. » Alain Chaspierre souligne le garde-fou constitué par le dossier pharmaceutique, notamment en cas d’automédication : le pharmacien repère les produits incompatibles avec l’historique médicamenteux et le profil physiologique. « A partir d’avril », détaille-t-il, « ce dossier sera partagé entre les officines. » Le porte-parole redoute que l’émoi suscité dans la population provoque des arrêts impulsifs de traitement. « Ou qu’une partie des gens se tournent, en pharmacie ou ailleurs, vers des produits qui ne sont pas enregistrés comme des médicaments, des compléments alimentaires par exemple, seulement portés par des allégations de santé et nettement moins contrôlés. » |
Mise en ligne 21/02/2014
{/jsnoredirect}