Prenant la parole au forum wallon de médecine générale (*) sous l’étendard PromoSanté & MG (un partenariat entre la SSMG et la Fédération des maisons médicales), le Dr Thierry Van der Schueren a exposé ce qui à l’heure actuelle en Wallonie empêche la prévention en médecine générale de prendre son essor. Accessibles géographiquement et financièrement, les MG bénéficient de la confiance de gens qu’ils revoient régulièrement. Ils semblent donc les acteurs tout désignés des vaccinations, évaluations de risque individuel et autres dépistages et suivis au long cours. Le DMG+ a balisé cette démarche par une check list d’interventions préventives validées à envisager chez les 45-75 ans. Et cette initiative désigne le généraliste comme LE responsable de la prévention, souligne le secrétaire général de la SSMG.
Anodine, cette désignation ? Sûrement pas, car on touche ici à l’une des limites identifiées de la situation actuelle : l’indéniable morcellement des activités de prévention, qui noie le médecin traitant dans une marée d’autres intervenants (l’ONE, la médecine scolaire, la médecine du travail, les « cliniques du voyage », sans compter des spécialistes comme les pédiatres et gynécologues, et les initiatives diverses et variées d’autorités politiques locales ou provinciales…). Cet éparpillement est, comme vous l’expérimentez au quotidien, empiré par la flagrante absence de feedback: un MG ne sait pas, la plupart du temps, qui a pris l’initiative de faire quoi et quand, et son patient est généralement en peine de le lui préciser. Il arrive aussi qu’individuellement, certains MG ne soient pas sensibilisés à leur rôle préventif, par manque de formation ou par démotivation. Et Thierry Van der Schueren de citer à ce propos l’aspect dissuasif bien connu des confrères solos du système des vaccins gratuits en communauté française.
Une centralisation effective
Que préconiser pour s’extirper de la situation actuelle ? Accorder davantage de place à la prévention dans la formation initiale et continue devrait augmenter les affinités des MG avec la matière, a suggéré l’orateur à l’auditoire. Faire évoluer l’intitulé de « médecin généraliste » en « médecin de famille et de prévention » consacrerait cette dimension de la fonction.
Un coup d’œil hors frontières indique par ailleurs que, pour mener rondement la prévention, il faut pouvoir déléguer à un assistant de pratique, qui seconde le MG dans l’information au patient, les papiers et la gestion des échéances suivantes. Stimuler la pratique en groupe, qui rend possible la répartition des tâches entre associés, peut aussi faciliter la prévention. Autre progression souhaitable : pouvoir se reposer sur des logiciels médicaux performants, ayant été amenés pour être labélisés à offrir des modules pratiques pour gérer et accompagner facilement la prévention.
Mais, en dézoomant, c’est dans l’organisation des soins qu’il faudrait agir en instaurant la centralisation effective de toutes les informations préventives du patient au sein de son DMG. Ne seraient autorisées à faire de la prévention que les structures capables de transmettre en retour les données au médecin traitant qui en est le dépositaire. « La seconde option, plus radicale et exigeant davantage de moyens, serait que seule la médecine générale assure l’ensemble de la prévention, y compris la vaccination », avance Thierry Van der Schueren.
(*) le 18 janvier dernier, sur invitation de l’administration wallonne, la plupart des associations de médecine générale ont convergé vers le parlement wallon, à Namur, pour dépeindre les réalités du métier devant un banc de représentants politiques régionaux – banc qui s’est avéré malheureusement fort clairsemé…
Mise en ligne : 7/02/2014